Il était une fois, un pays très bienveillant dans lequel les hommes et les femmes vivaient en harmonie. Les couples s’entendaient à merveille, les familles étaient unies et personne ne faisait de mal à personne. D’ailleurs, la tristesse et la colère n’existaient plus 🥰​. Tout le monde n’était qu’amour, compassion et bienveillance grâce à un principe prépondérant de cette société : la responsabilité affective.

Ah ! Quel monde fabuleux que celui qui nous permettrait de vivre sans souffrir à cause des autres, n’est-ce pas ?

La responsabilité affective, c’est quoi ?

Selon Google “La responsabilité affective implique de prendre soin des émotions de l’autre avec honnêteté, communication et empathie.” en d’autres termes et selon les articles de haute expertise lus sur la toile, la responsabilité affective est un pilier essentiel d’une relation saine puisqu’elle assure que chaque partenaire prend soin des émotions de l’autre au sein d’un couple par exemple. Ainsi, chaque personne mesure ses mots et ses actions pour ménager l’autre et lui épargner de la tristesse, de la colère ou même de la déception.

Génial non ?

Mouais. Analysons ce concept de plus près.

Bon, déjà, commençons par les évidences.

  • Est-ce qu’une relation saine à besoin d’empathie ? Oui.
  • Est-ce que pour avoir une relation saine, il faut savoir être à l’écoute de son partenaire ? Evidemment.
  • Est-ce que trouver des terrains d’entente est nécessaire pour créer une relation saine ? Bien entendu.

Mais.

  • Ce n’est pas parce que j’ai de l’empathie que je dois prendre en charge les émotions de mon partenaire.
  • Ce n’est pas parce que je suis à l’écoute de l’autre que je dois nier mes propres envies et besoins.
  • Ce n’est pas parce qu’on trouve des terrains d’entente qu’on se compromet.

Ce qui me dérange dans ce principe de la responsabilité affective, c’est qu’il sous-entend facilement que nous sommes responsable des émotions de l’autre. Le raccourcis est facile à faire. Très facile. Trop facile dans une société qui pousse les femmes à être plus à l’écoute des autres que d’elles-mêmes.

Responsabilité affective

« J’ai peur de le faire souffrir »

Je ne compte plus les clientes qui m’ont déjà partagé leurs peurs d’aborder certains sujets avec leurs partenaires (ou des collègues, ou des amis), parce qu’elle redoutaient de les faire souffrir. J’en avais même fait un épisode de podcast parce que s’il y a une chose fondamentale à comprendre dans les dynamiques relationnelles c’est qu’on n’est pas responsable des émotions de l’autre. Jamais.

Oui, vous pouvez faire preuve de tact lorsque vous souhaitez faire passer un message un peu désagréable,

Oui, c’est mieux d’avoir conscience qu’on peut blesser l’autre en lui avouant certaines choses,

mais ce n’est pas pour cela qu’on doit s’empêcher de les dire. On pourra prendre toutes les pincettes du monde, certaines discussions seront toujours difficiles et feront toujours souffrir la personne qui les reçoit. Certaines paroles rendront toujours triste, en colère ou déçus.

Qui ne serait pas triste d’apprendre que le partenaire qu’on aime a envie de rompre ?

Ne seriez-vous pas en colère d’apprendre, de la bouche de votre partenaire, qu’il vous a trompé ?

Qui ne serait pas déçu de constater lors de l’une de ces fameuses conversations désagréables, qu’on n’est plus en phase avec celle ou celui qui a partagé notre vie pendant plusieurs années ?

Oui, les conversations sont dures à avoir et les mots peuvent être aussi tranchant que des lames.

Est-ce pour autant une bonne raison de ne pas les dire ?

Non.

Parce que ces mots, ces conversations, aussi désagréables soient-elles, sont la clé de notre liberté. Ces mots sont les gages que je ne m’abandonne pas face à l’autre. Parce que quand je m’empêche de lui dire ce que je pense vraiment, sous prétexte que je ne dois pas trop le faire souffrir, c’est moi au final qui souffre. C’est cette partie de moi que je décide de cacher, de taire, d’enfouir très loin pour ne plus l’entendre qui crie, qui pleure, qui cristallise la déception, l’injustice, la trahison chaque jour un peu plus ​⏳​.

Jusqu’au jour où c’est trop gros, trop lourd à porter. Jusqu’au jour où, qu’on le veuille ou non, ça éclate.
Parfois par des mots.
Souvent par des actes.
Perte de désir. Plus de communication. Infidélité. Rupture.
Et ça fait encore plus mal.

Le principe de la responsabilité affective me dérange profondément parce que c’est encore une injonction à faire plus attention à l’extérieur qu’à l’intérieur. Injonction à faire attention, à être à l’écoute, à faire en fonction de.

On est exactement à la limite entre : je vis ma vie pour moi et je vis ma vie pour les autres.

Si je suis “responsable affectivement” est-ce que je vis vraiment ma vie pour moi ? Je vous l’ai dit, vos actions auront toujours le risque de blesser quelqu’un.

Qui peut prétendre qu’i.elle n’a jamais fait souffrir personne ?

C’est bien simple, si on suit le principe de la responsabilité affective alors

  • 👉 On retire à chaque personne sa responsabilité individuelle de travailler sur ses blessures.
  • 👉 On passe notre vie à faire plaisir aux autres, on vit notre vie pour les autres et ça… c’est non. C’est la base d’une éducation qui fait du mal aux femmes et aux relations qu’elles mènent avec les autres.

Tant de femmes souffrent de relationner avec des hommes qui n’ont pas (autant) de responsabilité affective qu’elles. Des hommes qui vivent leurs vies, pour eux, qui ont parfois du mal à les inclure dans leurs plans, qui ne demandent pas “l’autorisation” de faire certaines choses, qui, selon elles, ne font jamais en fonction d’elles. C’est la source de tellement de conflits et de relations compliquées que je pense que vous voyez très bien de quoi je veux parler.

Pour autant l’attitude de ces femmes n’est, à mon sens, pas plus appréciable que celles de ces hommes.

La seule responsabilité affective que l’on a, elle est envers nous-même.

Être à l’écoute de nos besoins, de nos émotions, de notre tristesse et notre colère. Parce que nos émotions parlent de nous.

Elles parlent de la façon dont on perçoit le monde et ce qui nous arrive. Nos actions sont le résultats de nos émotions et de nos besoins.

Notre responsabilité est de se connaitre suffisamment pour comprendre nos émotions, nos traumas, nos blessures, nos réactions et faire en sorte de ne pas faire porter le chapeau de nos blessures aux autres.

Notre responsabilité est de savoir gérer notre affect pour que chaque personne autour de nous se sentent libre d’être la personne qu’elle désire être.

Nous n’avons pas de responsabilité affective envers les autres adultes. Chacun est capable de faire ce qu’il faut pour se comprendre et comprendre les autres. Notre seul devoir est celui d’être bienveillant. Mais je crois que la bienveillance est naturelle quand on comprend ce qui nous anime, nous motive, nous blesse et nous déçoit.

Si je suis capable de voir et de comprendre mes failles, alors je suis aussi capable de voir et de comprendre les failles de l’autre. L’empathie est alors naturelle.

devenir leader émotionnel

Une relation saine = bienveillance et empathie

Une relation saine, qu’elle soit amoureuse ou non, est une relation dans laquelle règne la bienveillance et l’empathie.
Mais faire preuve d’empathie ne veut pas dire que j’ai une responsabilité dans le fait que mon partenaire soit triste. Mon empathie me permet juste de comprendre qu’en effet, certains de mes actes et de mes paroles peuvent blesser et donc de faire de mon mieux pour agir dans le respect de l’autre :

  • communiquer sur mes besoins régulièrement (et pas juste au moment où je suis à bout),
  • être honnête et transparent à tout moment (et pas juste quand j’en peux plus),
  • poser mes limites et respecter celles de l’autre (et pas juste quand je ne supporte plus l’autre).

Je fais de mon mieux pour être une personne saine, mais j’ai conscience que cela n’empêchera pas l’autre de se sentir blessé par certaines de mes actions. Je sais que je ne suis pas une personne qui blesse intentionnellement alors, j’accepte et j’avance.

L’autre est mon miroir

En effet, tant que vous ne serez pas ok avec le fait de faire souffrir l’autre, de lui faire ressentir des émotions désagréables, vous ne pourrez pas vivre pleinement votre vie. Parce que vous ne pourrez pas vivre pleinement toute la palette de vos propres émotions.

Faire preuve de responsabilité affective, c’est surtout faire preuve de leadership émotionnel en comprenant ce qui est en mon contrôle et ce qui ne l’est pas.

Ce qui est de ma responsabilité et ce qui ne l’est pas.

Et s’il y a bien une chose qui ne sera jamais de votre responsabilité, ce sont les émotions des autres. Parce que les émotions sont la chose la plus intime que nous possédons. Elles sont déclenchés par notre perception d’un événement. Perception qui s’est créée par les expériences passées, l’éducation, l’environnement etc. Si on pouvait être responsable des émotions des autres, ça impliquerait que tout le monde réagirait de la même façon à un même événement. Hors c’est inimaginable.

Le monde n’a pas besoin de personne “affectivement responsable”.

Le monde à besoin de gens qui se connaissent.

De personnes qui savent comment elles ont l’habitude de faire foirer leurs relations.

De femmes qui ont conscience de leurs syndrome de l’infirmière.
Et d’homme qui ont conscience de leurs schéma fuyant.

Le monde a besoin que chacun reprennent ses responsabilités parce que chacun sait que c’est la seule voie vers l’apaisement des relations.

Le monde a besoin de leaders.

De personnes qui savent prendre des décisions et qui savent les communiquer.

Des personnes qui ne prennent pas tout personnellement.

De personnes qui arrêtent de juger les autres.

De personnes qui ont conscience que nous avons tous du chemin à faire, que nous n’en sommes pas tous au même niveau et que nous ne partons pas tous avec les mêmes privilèges.

D’hommes et de femmes qui ne se victimisent pas.

De personnes qui arrêtent de vouloir tout contrôler.

De personnes qui savent qu’elles ne peuvent pas sauver tout le monde

Des personnes qui ont compris qu’être libre est le plus beau cadeau que nous pouvons nous offrir et qui agissent chaque jour à offrir le même cadeaux aux autres.

Le monde n’a pas besoin de responsabilité affective. Le monde a besoin de leadership émotionnel.

Comment sortir de la responsabilité affective et devenir leader émotionnel ?

Pour finir, voici 5 conseils pour redonner une dynamique saine à vos relations en choisissant le leadership émotionnel.

1. Révisez vos limites :

Apprenez à identifier vos limites émotionnelles. Dites clairement à votre entourage ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas. En établissant des frontières saines, vous protégez votre bien-être tout en respectant celui des autres.

2. Pratiquez l’auto-réflexion :

Prenez du temps chaque jour pour réfléchir à vos émotions et à vos réactions. Demandez-vous pourquoi vous ressentez ce que vous ressentez et comment vos expériences passées influencent vos comportements actuels. Cette prise de conscience vous aidera à mieux gérer vos émotions sans les imposer aux autres.

3. Communiquez avec honnêteté :

Apprenez à exprimer vos besoins et vos sentiments de manière claire et respectueuse. Utilisez des phrases comme « Je ressens… » ou « J’ai besoin de… » pour partager vos pensées sans accuser ou culpabiliser l’autre. La communication honnête favorise des relations authentiques et équilibrées.

4. Développez votre empathie sans compromis :

Cultivez votre capacité à comprendre les émotions des autres, mais sans vous sentir responsable de leur bien-être émotionnel. Aussi, Faites preuve d’empathie en écoutant activement et en offrant votre soutien, tout en gardant à l’esprit que chacun est responsable de ses propres émotions.

5. Engagez-vous dans votre développement personnel :

Investissez dans votre croissance personnelle en lisant, en suivant des formations ou en travaillant avec un coach. Comprendre vos propres schémas émotionnels et apprendre à les gérer vous rendra plus fort et plus confiant dans votre rôle de leader émotionnel. Et si vous souhaitez savoir ce que je peux faire pour vous aider sur cette voie, parlons-en lors d’un rendez-vous éclaircissement offert.

Pour aller plus loin :

8 bonnes raisons de se faire coacher

Le podcast Amours, Voyages et Liberté

Développement personnel et Relation amoureuse : Comment dépasser les obstacles ?